La vieille
La vieille dévisage
sa patte d’araignée
posée comme un vieux sage
dormant sur l’oreiller
mais elle sait toujours
de très loin de très loin
qu’il y eut de beaux jours
et qu’elle eut une main
La vieille se renfrogne
recroqueville les pieds
recroqueville les pognes
chamboule l’oreiller
mais retrouve le goût
de très loin de très loin
des nuits bleues des nuits où
elle se blottissait
la vieille a froid au pieds
chaque nuit froid au pieds
et mille précautions
n’y peuvent rien changer
mais elle sent encore
de très loin de très loin
la bonne fièvre au corps
quand il les embrassait
la vieille ne dort plus
et regarde le gris
qui remplirait sa vie
s’il ne faisait pas noir
et garde en sa mémoire
un trésor pas si loin
les belles nuits d’amour
où il faisait grand jour