Nous
Sous l’étoile au néon sous la lune à midi
nous grisant d’irraison de vie et d’eau de vie
nous serons vieux et jeunes nous serons faible et fier
nous serons femme et homme nous serons sœur et frère
Sur l’herbe des jardins dans le halo des phares
boirons et nous boirons sur des quais de départ
silhouettes malhabiles ombres sur l’horizon
nous cherchant à tâtons nos bouches baiserons
Balançant nos talents dans le jeu du hasard
sur le goudron des routes dans la poussière du soir
trop prés de la lumière fascinés consumés
le tracé de nos corps laisserons tout entier
Pègre et divinité fièvre et jeu mélangés
mer et pluie terre et ciel au fond des encriers
pour dessiner le monde à l’envie de nos rimes
nous équilibrerons pourriture et sublime
Sous la lune perchée comme un point sur un I
comme points sur la mer naufragés aguerris
nous saurons inventer de la proue à la hune
le bateau providence en dévalant la dune
Qu’importeront les guerres qu’importeront les cris
biches et sangliers dans leur sombre pays
sachant notre innocence nous laisseront creuser
quelque grotte secrète pour y rêver en paix
Amoureux de tout ce qui nous tient hors d’haleine
pétrissant le limon de nos joies de nos peines
la malléable glaise de l’ or du temps
resterons suspendus au dessus du courant
Appliqués à confondre tous les miens tous les tiens
avec la mort qui va avec la vie qui vient
sans regarder derrière marchant à reculons
travaillerons sans trêve la chute à l’unisson
Plus de cent fois par nuit et cent nuits par semaine
sérieusement volage c’est le vie qui nous mène
n’esquivant en chemin ni les failles ni les fous
gagnerons le grand large bras dessus bras dessous.