Le tableau
Ensemble nous étions descendus jusqu’au jardin
Ce n’était pas pour y cueillir du romarin
T’en souviens-tu j’ai trébuché sur le chemin
Les pierres roulaient nos ombres se tenaient la main
Quel peintre avait posé sur la toile tendue
Ces sombres tournesols travaillés au couteau
Ces bleuets rougissants et la patte griffue
d’un murier s’accrochant au cadre du tableau ?
Ensemble nous étions descendus jusqu’au jardin
Ce n’était pas pour y cueillir du romarin
Les pierres roulaient nos ombres se tenaient la main
Nous les suivions pour voir où menait le chemin
Et que faisait ici cette étrange tribu
Dans l’ombre du tableau, pégases et asfodèles
Vers luisants soulignant la courbe du talus
Licornes scarabées feux follets hirondelles
Ensemble nous étions descendus jusqu’au jardin
Ce n’était pas pour y cueillir du romarin
Les pierres roulaient j’ai trébuché sur le chemin
Nous y avions mangé des mûres et sur nos mains
Leurs baisers s’attardaient en violettes promesses
Comme le fin mouchoir échappé par hasard
Ou par enchantement des mains de la princesse
Au milieu du tableau assise de trois quart
Dont le portrait osait cette folle prouesse
Mais sans permettre hélas d’autres gestes ni d’autres regards
Quel dommage…
Me disais-tu , t’en souviens-tu,
Quel dommage pour une demoiselle de son âge
Ensemble nous étions descendus jusqu’au jardin
Dans ce tableau où manque un brin de romarin