La rivière

Il y a la rivière et la montagne noire
surplombant mon sommeil le poids de son regard
Et l’eau se calme autour des truites endormies
à l’ombre des cailloux, détournant la folie
de son cheval crinière hérissée flamboyante
courant éclabousser la lumière rasante
quand la nuit s’en ira. La nuit s’en va. La chouette
en partant avec elle hoche vers moi la tête
car elle me reconnaît.

Il y a la rivière

Il y a le bois flotté s’agrippant comme il peut
de ses longs doigts tranquilles à la peau douce et bleue
Pour arrêter le temps et sage regarder
les folles embardées qui devaient l’emporter.
Même si sous les ailes de demoiselles ivres
de vie et de soleil il se sent fier et libre
Précaire est son abri, précaires ses conquêtes
Et l’eau l’emportera hochant vers moi la tête
car il me reconnaît

Il y a la rivière

Suivant le ciel du jour il y a le temps qui passe
plus ou moins lentement suivant le sens du vent,
suivant le battement des ailes nervurées
laiteuses transparentes, carminées festonnées
Annellées flamboyantes orangées frémissantes,
pupillées immobiles amoureuses filantes
Suivant le ciel du jour au dessus de la crête
il y a le temps qui passe sans detourner la tête
Et nous le laissons faire.

Il y a la rivière.

SABINE
DRABOWITCH