Barbès
Qui va là
Dansant sur le trottoir comme Noureïev
Embrassant
Le gris matin pluvieux avec ivresse
Entrechat
A travers le carrefour tout en souplesse
Opéra
Inattendu sur le boulevard Barbès
C’est bien toi
Balançant comme de vieux oripeaux
Tournoyant
Tes gants blancs dans la bouche du métro
Au moment
Ou tombe ton smocking ton manteau
Se déploient
Deux grandes ailes roses dans ton dos
Les passants
emmitouflés dans leur gris quotidien
oubliant
la course sans fin pour gagner leur pain
Se questionnent
Est-ce un clochard un clown, un gigolo
Ce bonhomme
Nu comme un ver sous ses ailes fluos
C’est bien toi
sifflotant un air de Marie Poppins
Vers les toits
Tu décolles scintillante drag queen
Se déploie
un ballet aérien psychedélique
Des hourras
Sortent de nos poitrines extatiques
Un instant
assez fou pour qu’enfin sonne la trêve
mais le vent
Se jouant de tes ailes et de nos rêves
les balade
les empoche derrière les cheminées
et se les garde !
C’est alors que la pluie s’est arrêtée.
Nous voilà
repartis dans nos vie, metro Barbès
Juste ça
Chacun au creux du poing la promesse :
A mon tour
Me débarrassant de mes oripeaux
Un beau jour j’aurai deux ailes dans le dos