Les chaussures de Fantasio
Quand il ne fait pas beau qu’il est mort mon oiseau
Du cœur jusqu’au squelette plumé mon alouette
Sur son destrier fané le diable dîne à ma table
Attisant mes drôles d’idées mon accent déplorable
Les soirs de chats éplorés d’Hollywood édulcoré
Nuits de veilles acérées de sommeil décharné
Quand le sens est interdit folie sans alibi
Brûle le dernier métro quand le piano sonne faux
Quand sonne mes talons comme les sabots d’un étalon
Sur la grande terre creuse jonchée d’ombres amoureuses
Fille aux cheveux acides pêcheuse au filet vide
Tournoyant sous les néons quand le ciel est de plomb
Moi je préfère marcher dans les chaussures de Fantasio
Elles me font deux grands bateaux
Deux belles péniches paradant sur les canaux
Deux drôles d’oiseaux entre les caniveaux
Sous l’orage orange sang sur l’autre rive grondant
Sous les bâches imbibée de l’averse rapprochée
Le manège goguenard des pales des gyrophares
Quand courir ne suffit plus dans la ville décousue
Quand je suis trop petite pour pas d’échelle aux alentours
Quand le ciel est trop haut quand je tombe dans le ruisseau
Je ne parle plus la langue sous mon poids les mots tanguent
Je me réveille en criant « Tchang ! » sans plus d’passé que le Big-bang
Moi je préfère marcher dans les chaussures de Fantasio
Elles me font deux grands bateaux
Deux belles péniches paradant sur les canaux
Deux drôles d’oiseaux entre les caniveaux